• Dans les Monts de Feu, règnent les Vénérables...

    Lors de nos précédentes incursions au cœur de l'Ancien Monde, nous avons suivi la vengeance d'un clan Troll, la quête de deux braves Nains, les Elfes sur le chemin de la lumière, et deux familles d'Humains célébrant leur alliance. Il est a présent temps d'évoquer des créatures méconnues, qui hantent les rêves et les cauchemars des Hommes, des Elfes et des Nains depuis la nuit des temps. Les Dragons, aussi appelés Vénérables. Ils vivent principalement dans les Monts de Feu, quelque part aux Marches de la Norria... Voici leur histoire.

     

     

    Dans les Monts de Feu, règnent les Vénérables...

     

     

    C'était le petit matin sur le paysage de début du monde des Monts de Feu. Simfarix avait faim. Une faim dévorante... La fatigue commençait à pointer le bout de son nez, et il n'avait plus aucune carcasse à ronger dans son antre. Encore quelques heures et il n'aurait même plus la force de déplier ses ailes dorées. Alors, il prit sa décision... Il sortit de son antre, se pencha vers le vide, prit son élan et s'envola... Son vol, lent et précis, était d'une grâce inégalée, dévoilant au ciel sa fort belle constitution, du bout de son museau à son appendice caudal orné de pics. Il soignait son apparence, et son style... comme le lui avaient appris ses parents, Dumnotax le Rouge et Syrinia Langue de Feu. Il survolait la vallée, et se dirigeait vers les hauts plateaux au sud. Tous ses sens en alerte, il repéra un troupeau d'élans à quelques battements d'ailes de sa position... Perdant peu à peu de l'altitude, il savait qu'il devait être le plus discret possible, le plus silencieux surtout. Il se laissa donc planer... Avant de surgir de la brume, il activa son sort de feu, puis se retrouva à poursuivre le groupe d'ongulés.

     

    Dans un souffle infernal, il carbonisa la moitié des élans, et prit le dernier en entier dans son immense gueule pour calmer son estomac. Les autres animaux fuyaient sans demander leur reste, il en croqua un autre pour le plaisir... Et revint à la coulée de lande dévorée par les flammes, parsemée de carcasses fumantes. Alors, il entama ses ripailles... Enfin, il était rassasié. Il s'en est fallu de peu... Quelques heures plus tard, le Vénérable, alors qu'il prenait un repos réparateur, fut réveillé par une alerte de ses sens magiques... Un autre pratiquant des Arcanes était proche ! Était-ce un congénère égaré, un chaman Troll l'observant, ou bien un magicien Humain voulant l'anéantir ? Il décolla d'un bond, et fila vers le nord... Tout à coup, il entra en collision avec une autre créature ailée. Ce fut un tourbillon d'ailes, de griffes, d'écailles, accompagné d'un concert de hurlements inhumains... Les deux dragons tombèrent au sol.

     

    C'était bel et bien une femelle Dragon de bronze, assez jeune, d'après ses écailles et son gabarit, elle semblait ne pas avoir atteint les deux siècles d'existence. Tapie en position de défense, elle feula de colère et de surprise. Dans leur langue antique, Simfarix déclama en levant sa patte droite :

     

    « Salutations, chère amie ! Comment te nommes-tu ? Quand je pense que j'ai failli te détruire ! »

     

    « Paix », répondit la femelle. « Je me prénomme Malitaya, et je ne te veux aucun mal. »

     

    « A la bonne heure », reprit notre ami ailé, « Alors, que fais-tu dans ces terres désolées ? Tu t'es perdue ? »

     

    « Oui, je reviens de l'île de Vathaan où demeurent mes parents. Je cherchais le Mont Immaculé, mais mon cap n'était pas bon et la brume m'a désorientée... Accepterais-tu de me guider jusqu'à mon antre ? »

     

    « Et comment ! Nous sommes voisins ! Partage donc pour le moment ma pitance, si tu le veux bien. »

     

    Alors, Malitaya et Simfarix entamèrent les derniers élans calcinés. Elle trouvait cette viande délicieuse ! Son régime alimentaire habituel était surtout constitué de chamois et bouquetins qui ne vivent que dans les plus hautes montagnes... Une viande plutôt bonne, mais au goût âpre trop présent qui déplaisait à certains Vénérables. Une fois la belle repue, ils dialoguèrent pendant quelques instants... Leurs cavernes respectives étaient à moins d'un kilomètre de distance l'une de l'autre, et ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant ! Ils évoquèrent l'ancien temps, quand leurs ancêtres étaient les maîtres incontestés de ces territoires, depuis la rivière Kaghül jusqu'aux Marches de la Norria... Hélas, les Humains avaient commencé à prospecter sur ces contrées désolées, et ce n'était évidemment pas du goût de nos amis aux écailles luisantes ! Maintenant, les bipèdes aventureux menaçaient le repaire des Vénérables, et risquaient de provoquer leur colère...

     

    Or, et il faut le rappeler ici, si un Vénérable isolé est quelque peu vulnérable à la magie, il n'en est pas de même d'un parti de dix de ses semblables prêts à l'attaque aérienne ! Malitaya, jeune femelle n'ayant jamais combattu, ne voulait qu'une chose : vivre en paix avec les siens. Or Simfarix était d'un tout autre avis. Il ne désirait pas être pourchassé par les Humains... Au bout d'une longue discussion, ils se mirent d'accord. Il fallait attaquer la colonie humaine la plus proche, pour laisser un avertissement sans frais à ces stupides colons ! De concert, ils prirent leur envol, et se dirigèrent sud-sud-ouest, vers l'enclave Humaine la plus proche... Un gros village du nom de Bourg-Franc.

     

    Une fois en vue des habitations, Simfarix et Malitaya prirent le parti du camouflage, et adoptaient leurs couleurs respectives à celle de la forêt la plus proche... pour passer inaperçus aux yeux de la garde et bénéficier de l'effet de surprise ! Simfarix dit d'un ton résolu :

     

    « Es-tu prête à combattre ? »

     

    « Comme jamais. »

     

    Alors ils s'envolèrent le plus silencieusement possible. Le village était calme, et les quelques défenseurs de la palissade eurent à peine le temps de comprendre ce qui se passait qu'ils furent terrorisés par le souffle magique de Simfarix. Malitaya, quant à elle, s'attaqua à ce qui semblait être la demeure du chef du village. Le toit d'ardoises ne résista pas longtemps à ses griffes acérées, alors, ulcérée, elle ouvrit littéralement la bâtisse en deux, mettant à jour ce qui avait été une chambre... La panique était maintenant générale dans la petite cité, les habitants fuyaient en hurlant par les portes qu'ils avaient ouvertes en catastrophe... Sur la place principale, un homme accoutré en mage se para d'une aura surnaturelle. Peu impressionné par une telle provocation, Simfarix l'incinéra sans autre forme de procès. Quant aux archers de la garde... Leurs flèches arrivaient à peine à érafler les écailles de nos amis. Le village semblait perdu...

     

    C'est alors qu'un homme de haute stature s'avança pour parlementer. Simfarix et Malitaya le regardèrent, sans desserrer leurs mâchoires. L'humain se mit à parler...

     

    « Que voulez-vous, créatures maléfiques ? »

     

    « Nous ne voulons pas de votre présence en lisière de notre domaine », dit Simfarix en langue commune des Hommes. « Je vous conseille fortement de plier bagage, et d'abandonner vos maisons ! Sinon, ma camarade et moi vous tuerons jusqu'au dernier... Est-ce assez clair ? »

     

    « Très bien, assez de dégâts comme ça », hurla l'homme. Puis il se retourna vers son second.

     

    « Wulfric, va chercher Arn et Ragnar, et faites évacuer le village. On ne prend que la nourriture, l'eau et les armes. N'oubliez personne... D'autres dragons peuvent venir à tout moment. »

     

    « Nous resterons sur place jusqu'à ce que le dernier bipède soit parti », clama Malitaya. « Fuyez et vous aurez la vie sauve, je vous le jure. Obstinez-vous à revenir et... »

     

    « Nous partons, et nous irons porter votre message à notre duc ! Soyez certains que nous ne vous dérangerons plus jamais. »

     

    Malitaya et Simfarix surveillèrent les Humains, quittant le village en caravane organisée, jusqu'à ce que Bourg-Franc soit totalement désert. Alors, ils hurlèrent de joie, décollèrent et exécutèrent de magnifiques figures dans le ciel, tout en crachant des langues enflammées... Leur présence avait engendré de gros nuages noirs, et chaque battement d'ailes déchaînait la foudre ! Mission accomplie ! Nos deux amis retournèrent en leur domaine. Un an plus tard, les Humains n'avaient pas reparu sur les hauts plateaux. Alors, Simfarix prit Malitaya pour compagne... Et ils vécurent heureux, régnant avec leurs congénères sur un vaste domaine, comme ils l'avaient toujours fait.

     

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