• La trahison de Morteterre.

    Au sein de l'Ancien Monde, nous avons déjà parlé des Trolls de la Norria, des Nains des Montagnes, et des Elfes dans leurs Forêts. Voici maintenant une partie de l'histoire des Humains. Peuple fier, combatif, mais vivant dans la peur d'une nouvelle guerre contre le Chaos, ce sont bien souvent eux qui se dressaient en premier contre leurs ennemis de toujours... Notre héros, Childéric de la Mortaille, était de ceux-là.

     

    Les Humains, à l'instar des Nains et des Elfes, croyaient en leurs Dieux, et aux forces du Mal. Ils invoquaient souvent les Dieux pour la protection, la bénédiction, et le repos des trépassés. Religieusement, ils entretenaient la continuité des croyances, depuis des siècles. De nombreux ordres étaient entièrement dédiés à la protection des lieux sacrés, et au combat contre le Chaos. L'Ordre des Chevaliers, par exemple, dont faisait partie Childéric.

     

    La trahison de Morteterre

     

    Un pâle soleil d'hiver se levait sur Rocmirail. Le froid était terrible, en ce mois de décembre, et pourtant, Childéric devait encore parcourir la campagne austère et dépeuplée, pour nouer quelque alliance avec Jacquelin de Bois Noir, un de ses cousins. Débordé par l'ampleur de la tâche qui l'attendait, il repoussa Hildegarde, sa courtisane préférée dormant à ses côtés, et entreprit de s'habiller. Avant de quitter sa chambre magnifiquement décorée, il n'oublia pas de se munir de son épée préférée, ainsi que de son bouclier orné de la traditionnelle croix des Chevaliers. Dans le castel encore endormi, il ne croisa personne hormis un serviteur qui s'inclina à son passage. Il n'en avait cure.

     

    Childéric n'avait jamais connu le conflit à grande échelle... Tout au plus s'était-il familiarisé avec le combat en affrontant des bandits de grand chemin, au hasard de ses pérégrinations. C'était pour ainsi dire bien peu d'expérience... Et quand bien même il avait appris le maniement de l'épée par les leçons prises auprès du sergent d'armes de son père, il manquait cruellement de pratique. Mais il pressentait que cela allait finir par arriver... Un jour, il serait un grand chef de guerre, et à la tête de ses nobles et braves chevaliers, il repousserait les vilains qui menacent ses possessions terrestres. Son héritage familial. Il marchait d'un pas pressé dans la cour du bourg, et, perdu dans ses pensées, il manqua d'entrer en collision avec quelqu'un. C'était son frère d'armes, Léofred d'Aumont. Ce dernier le salua, d'égal à égal.

     

    « Alors, mon bon Childéric, déjà levé ? »

     

    « Eh bien, je dois aller conclure alliance avec mon cousin Jacquelin, et je sais déjà que ce ne sera pas chose facile... »

     

    « En effet... Il est fort probable qu'il cherche encore un coupable à la trahison de Morteterre. Bon courage à toi, et que les Dieux te bénissent. »

     

    « Merci, mon frère. Sagesse et victoire à toi également. Je pars dans l'heure pour Montabosse. »

     

    Après avoir vérifié son équipement, Childéric s'autorisa un menu déjeuner, en compagnie de ses plus fidèles conseillers. Ragoût d'agneau, légumes variés, pommes de terre et toujours, cet excellent fromage Nain, au caractère aussi dur que celui qui l'avait fabriqué. Le tout arrosé d'un excellent verre de Castel Censoir, un vin rouge très apprécié. Puis, harnaché sur son fidèle cheval, il partit, seul, vers le château de son cousin. Au moment de passer la grande porte, il vérifia s'il portait toujours son amulette protectrice... En effet, les créatures maléfiques et autres invocateurs ne manquaient pas dans la région, et tout objet ésotérique béni par l'Ordre des Chevaliers était le bienvenu.

     

    Quelques lieues après son départ, il traversait un paysage désolé... Les ravages de la grande guerre contre le Chaos n'avaient pas été effacés ici, et il croisait bien plus de tombes et de cairns que d'habitants réellement en vie... Il repensa soudain à la trahison de Morteterre. Il y a cinquante ans de cela, le seigneur de ce château avait attaqué à revers une escouade de Jacquelin de Bois Noir, pour une raison que seuls les Dieux connaissaient... Cela avait été un massacre, pas un seul n'en réchappa. Ainsi s'expliquait la raison de la haine entre son cousin et Amadour, fils de l'ancien seigneur de Morteterre. Le problème, c'est que le père de Childéric et celui d'Amadour étaient alliés, et avaient fait un serment de sang, comme le font souvent les hommes d'honneur. De fait, Jacquelin avait toujours de la rancœur envers son voisin. Cela était plutôt ancien, à l'échelle de l'existence humaine, mais la détestation était toujours d'actualité.

     

    A l'approche de Montabosse, notre héros faillit être désarçonné : son destrier rua, effrayé par une flèche s'étant fichée à ses pieds. Childéric pesta contre ce maudit sergent d'armes, incapable de tenir ses hommes à l'approche d'un émissaire... D'autant plus d'un chevalier. Il dût crier son nom, pour que les archers et soldats présents sur les remparts baissent enfin leurs armes... Puis le pont-levis descendit, et la herse s'éleva. Alors seulement, il fut autorisé à entrer. C'est Jacquelin lui-même qui assura l'accueil de son cher cousin...

     

    « Ah, cher cousin, tu m'as tant manqué ! »

     

    « Pas autant que moi, cependant, tes archers sont incapables de me reconnaître ! »

     

    « Excuse-les, ils sont sur les dents, à cause d'un raid de vilains, il y a une semaine... »

     

    « Et alors », fit Childéric en riant, « Je ressemble tant que cela à un pillard ? »

     

    Sur ces entrefaites, ils pénétrèrent dans l'imposant donjon. Et, après une brève ripaille, commencèrent leurs discussions... qui furent assez houleuses, Childéric invoquant la nécessité d'oublier les vieilles haines, alors que Jacquelin persistait à faire pendre haut et court les coupables de la trahison. Cependant, tous deux tombaient d'accord sur le point le plus important, à savoir que le règlement de ce conflit permettrait une union des forces contre les maraudeurs. Au moment où ils allaient se quitter sans avoir réglé leur problème commun, le cor d'alarme sonna... Jacquelin connaissait parfaitement la signification de cette alerte : les pillards étaient de retour. Il apostropha son cousin :

     

    « Alors, le temps est venu, veux tu combattre à mes côtés, pour défendre mon fort ? »

     

    « Et comment », annonça Childéric en attrapant son épée et en mettant son heaume.

     

    Ils sortirent. Sur les remparts, les combattants étaient déjà en place, et installaient balistes et arquebuses, de même que plusieurs chaudrons remplis d'huile bouillante ou de poix. Dans la cour, une organisation militaire prévalait sur la panique des villageois, ainsi ces derniers se barricadaient chez eux pour laisser les soldats gérer cette attaque... Un jeune défenseur du fort passa près de Jacquelin. Ce dernier lui adressa un salut local, le garçon lui répondit par le même geste. Toute cette mécanique avait été répétée des centaines de fois, il n'y avait aucune raison pour que cette attaque de pillards soit différente des autres...

     

    Et les ennemis approchaient rapidement. Arrivés à cent mètres de l'entrée de Montabosse, leur chef déclama :

     

    « Je rançonne ce bourg, par la volonté de Géobald le Rouge, notre chef ! Préparez-vous à nous donner tous vos ornements et à mourir dans d'atroces souffrances ! »

     

    Les défenseurs y répondirent par une volée de flèches, qui décima la moitié des rangs ennemis. Alors, Childéric et Jacquelin décidèrent de faire une sortie, à la tête d'une dizaine de braves. Ce fut un carnage... Insuffisamment armés, les vandales furent mis en pièces par les épées à deux mains, et incapables de se protéger, ils finirent par fuir comme ils étaient venus... Une nouvelle victoire pour les nobles chevaliers de l'Ordre !

     

    Le soir même, l'on festoya grassement à Montabosse. Sangliers à la broche, cervoise et vin, ce fut une grande ripaille, en l'honneur des deux seigneurs et cousins qui avaient si bien défendu le château... Et les serments d'amitié et d'assistance mutuelle se poursuivirent jusque tard dans la nuit. Ainsi se termina l'histoire de la trahison de Morteterre !

     

    « Par le sang des Elfes...Coluche, Desproges et Balavoine seraient furieux ! »
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