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Par Antonin Troll le 24 Juillet 2017 à 19:01
Bonsoir, chers lecteurs et amis !
Ce soir, j'aimerais vous faire rêver, vous faire penser, vous transcrire des évocations de voyage en camping-car, ou en fourgon aménagé. En quelque sorte, faire l'éloge du mode de vie Traveller, car c'est une culture underground qui me plaît tellement, que je pourrai en parler des nuits entières. Et ce après avoir passé quelques nuits blanches à baver violemment, à la lecture de blogs de voyages à l'étranger… Je ne sais pas si je pourrai redevenir Traveller un jour, peut être pas, en tout cas, je mettrai un point d'honneur à le faire… si c'est dans mon cheminement personnel, et surtout si c'est possible. C'est, disons-le tout net, à l'instar de la yourte ou du chalet au milieu de nulle part, une des plus belles et des plus abouties définitions de ce qu'est la liberté. Et, vous savez combien ça me tient à cœur !
Alors, je sais, je n'ai pas voyagé très loin avec le Bedford que j'avais en 2009/2010. Ma maladie m'a barré le chemin. Mais, il faut que je vous dise : je n'oublierai jamais les virées que j'ai fait aux commandes de cet engin de teuffeur. Cela restera gravé dans ma mémoire, et revient en partie, sous forme de sympathie, au croisement d'un camping-car ou d'un fourgon aménagé. Et ce, peu importe l'âge, la marque, ou l'aspect général d'un tel véhicule. J'ai en tout cas une pensée sincère pour Orèl et son compagnon, à chaque fois que je croise un C/C. Je me dis, « ça pourrait être eux, de passage dans la Creuse pour venir me voir ». D'ailleurs, j'attends leur visite prochaine avec impatience ! Ils comptent parmi mes amis les plus fidèles et les plus intègres. Dans le sens où ils n'ont jamais renoncé à leur mode de vie, à leur simplicité, à tout ce qui fait leur culture personnelle (look, musique, intérêts, idéalisation du voyage…), et c'est pour cela que je suis resté en contact avec eux.
J'ai de magnifiques souvenirs de nuits passées à regarder des blogs évoquant un voyage en C/C vers la Mongolie ou l'Asie centrale, ou encore vers l'Iran (bien que cela soit déconseillé actuellement à cause de la situation en Turquie), le tout en abusant d'une perfusion psychédélique que l'on nomme « Psytrance ». Je n'ai pas honte d'avoir des rêves comme celui ci, ou comme d'autres d'ailleurs. J'y repense souvent…
Quand bien même les Travellers font peur aux « bonnes gens », il faut apprendre à les connaître pour les comprendre, pour se représenter leur idéal de liberté et de simplicité. Il ne faut pas les chasser d'un parking (soi disant parce qu'un camping-car, « ça fait tâche »). Il faut les laisser vivre ! Car, à leur façon, ils font tourner l'économie comme toute autre personne. Ne croyez pas que ce sont des citoyens de seconde zone, ou des fainéants, sous prétexte qu'ils vivent à l'année dans un véhicule aménagé. Évidemment, la normopathie ambiante ne les aide pas, bien au contraire ; alors, si une minorité adopte des comportements dédaigneux ou réducteurs vis-à-vis des sédentaires, l'immense majorité ne fait que vivre selon son idéal.
Et, les années passant, la jeune génération de nomades (20-35 ans) est de plus en plus complétée par de nouveaux retraités. Ceux-ci vivent aussi à l'année dans leur véhicule, ils ont une adresse postale chez leurs enfants ou chez des amis, ont parfois revendu leur maison pour vivre dans l'équivalent d'une cabine de péniche, mais ils sont heureux, et ils profitent à fond de la vie. Car, l'humain n'est pas éternel…
Ainsi donc, beaucoup d'entre eux se comportent tels des oiseaux migrateurs : en plein hiver, ils foutent le camp en masse au sud de l'Espagne, ou au Maroc, et l'été, pour éviter les grosses chaleurs et les coins trop touristiques, ils prennent la direction du Nord, notamment la côte de la mer du Nord, et par extension la Belgique et les Pays-bas. Je pense, même sans faire partie de cet assemblage hétéroclite de cultures, de véhicules et de visions du monde différentes, qu'ils sont plus heureux et posés, qu'en étant cloisonnés dans un appartement en ville. Au moins, si l'accueil dans un patelin ne leur convient pas, ce n'est pas grave : ils font dix kilomètres de plus et trouvent autre chose.
Quant aux causes de l'adhésion de plus en plus de jeunes (et moins jeunes) à ce genre de mode de vie, elles sont nombreuses. Notamment le coût des loyers, le coût en général de la vie en ville, le besoin de se créer un univers (par le biais des free-party et autres festivals), la passion du voyage, jusqu'à l'horizon et plus loin encore, jusqu'à plus soif. Je ne peux que tirer mon chapeau à ces jeunes (et moins jeunes) pour leur courage, leur détermination, leur volonté de bouleverser les codes de la norme, et de se réapproprier leurs existences. Je l'ai déjà dit, si je le pouvais encore, je serais à leurs côtés !
En tout cas, chers lecteurs et amis : si vous faites ce choix de vie dans les prochaines années, et que mon projet de vie simple (chalet, roulotte ou yourte) se concrétise comme prévu, je vous inviterai volontiers à passer quelques jours tout à fait trollesques sur mes terres ^^
Une dernière chose : votre particularité culturelle est à préserver des coups de boutoir de la normopathie ambiante. Restez tels que vous êtes, gardez votre indépendance… Et, si vous êtes appelés un jour à redevenir sédentaires, pourquoi ne pas revendre le camion et opter pour un habitat léger et mobile ? Tout est possible !
A très bientôt, au plaisir de vous lire !
- Troll
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Par Antonin Troll le 24 Juillet 2017 à 18:57
Chers amis lecteurs, voici un récit de voyage en Bedford... Souvenirs !
Bonne lecture à vous tous !
La Chevauchée des Ménestrolls, par là bas à travers (*)
Et donc, ce jour froid et humide de janvier 2010, j'appelle un de mes amis Metalleux de l'époque, à savoir Mohrkahnt Skjenet Ov Svarte Morket (de son prénom Romain, mais dans le Metal extrême, on a souvent un surnom, "alter ego", à coucher dehors avec un billet de logement !) et je lui propose une petite virée en Bedford. Il accepte sans discuter, et il me rejoint à en banlieue Ouest de Grenoble, sur le parking "visiteurs" de la résidence où habitaient mes parents à l'époque. Eh oui, parking visiteurs... Car le Bed ne pouvait pas entrer sur le parking dévolu aux propriétaires et locataires de la résidence, impossible de le manœuvrer sans risques, non seulement pour son intégrité de carrosserie, mais aussi par peur d'égratigner un véhicule plus moderne... Donc, nous nous retrouvons sur ce parking. Tour de vérifications (comme avant chaque départ, eh oui, comme à l'épreuve pratique du permis PL et SPL !), 10 minutes de montée en température du moteur, je branche mon walkman MP3 de l'époque sur la prise USB du poste radio (entre parenthèses, le seul truc électronique monté dans le Bedford !) et en avant pour la France !
Nous sortons donc de la ville par la route du pont de Catane, la meilleure option pour s'insérer sans souci sur l'autoroute urbaine A480 qui traverse l'agglo, du nord de St Egrève au sud de Claix et jusqu'à la jonction avec la branche nord de l'A51. Autoroute urbaine surchargée aux heures de pointe, mais aussi, bien évidemment, quand viennent les vacances d'hiver, c'est une route d'accès majeure aux stations de l'Oisans, du Dévoluy, et même de Gresse en Vercors... Et c'est un peu avant, à hauteur de Pont de Claix, et de sa magnifique tour d'alarme (tour ressemblant à un phare, mais abritant l'alarme pompiers permettant d'annoncer un accident à la plateforme chimique toute proche...), que nous quittons l'A480. Nous nous retrouvons immédiatement sur une route 2x1 voies, sans possibilité de dépassement pendant plusieurs kilomètres... Et un premier test pour les phares et feux du Bed', un magnifique tunnel... A l'entrée du quel il est précisé "Distance minimale entre deux véhicules : 90 mètres" par un panneau bien visible. Évidemment, personne ne respecte ça, et toute la "noce" des véhicules suiveurs se colle à nos basques. Bien forcé de ralentir, le tunnel étant limité à 70 km/h, j'encaisse la "rage routière" des possesseurs d'Audi A3 TDI et autres voitures onéreuses de "frimeux" qui, en nous doublant rageusement 5 km plus tard, nous feront bien comprendre que "la route est à eux" et que nous n'y avons pas notre place, avec notre armoire normande sur roues ^^ Manque de pot pour eux, j'ai l'habitude de ce tunnel : je l'ai pris je ne sais combien de fois, en véhicule présentant ô combien plus de risques que le Bed' : à savoir un ensemble routier tracteur + semi citerne... Option produits chimiques (!) Il est samedi, alors bien sûr, les véhicules relevant de la RTMD (réglementation du transport de marchandises dangereuses par la route) ne roulent pas !
Peu nous chaut, nous continuons sur la route. A notre gauche, arrive le terrain vague sur lequel, des années auparavant, s'élevait l'usine Enichem Polymères (groupe ENI, anciennement Agip). Il n'en reste rien que quelques fondations éparses, dans une savane d'herbes jaunies, similaire à ce qu'on croise en forêt des Landes après la tempête de 1999...
Sur ces considérations post-apocalyptiques, nous prenons volontiers le pont routier surplombant la gigantesque plateforme Arkema de Jarrie/Champ sur Drac, accompagnée de l'usine AREVA et du dépôt Air Liquide... Tous ces logos sympathiques nous rappellent que nous sommes bel et bien en zone SEVESO. Inutile de s'en approcher, encore moins d'ouvrir les fenêtres ! Quelques kilomètres plus loin, ayant retrouvé le plancher des vaches, nous entrons dans le défilé de la Romanche (non, pas Gromanche comme dans Groland ^^), mais le torrent, affluent du Drac, qui naît dans le secteur de Bourg d'Oisans. C'est dans cette localité que nous nous rendons, à vitesse très modérée. Le passage au droit des Ruines de Séchilienne, après le contournement de Vizille (haut lieu de la Révolution Française) est impressionnant, on s'attend à tout moment à prendre 3.000.000 de mètres cubes de roches dans la poire (ça devait se produire il y a 40 ans, un lotissement entier a été exproprié et rasé, une déviation routière et un aqueduc ont été construits, et puis bon, Grenoble et Vizille sont toujours debout...) Bonne nouvelle, la rude et étroite traversée de Livet-et-Gavet et d'une partie de Rioupéroux n'est plus obligatoire, une déviation bien conçue fait son office pour éviter les bouchons. A la bonne heure !
Ensuite, nous attaquons une portion en 2x2 voies, limitée à 110. A quoi bon se prendre la tête, dans ces conditions et la rampe de 3%, le Bed ne dépasse pas 75 km/h ! De fait, nous nous faisons violemment déposer par toutes sortes de voitures plus... conventionnelles que notre engin de teufeur ^^ Et c'est à ce moment là que se justifie notre surnom de "Ménestrolls" : le troll étant une créature de la mythologie scandinave, et le cœur à chanter, nous entonnons un ancien chant Viking en Danois ancien, le "De To Spellemenn", dont voici une vidéo musicale ! Ça reste du Metal bourrin, donc vous êtes libres de ne pas écouter...
Det bodde en fru ved Kjerraten, FATTERA SOMMERSVANE !
En gros, c'est l'histoire de deux sœurs, dans un village Viking ancien. Et une des deux est malchanceuse en amour... Deux ménestrels ("Spellemenn" en Danois) arrivent au village, et jouent. La sœur la plus malheureuse en amour lance un sort pour séduire un musicien. Manque de bol, le sort échoue, et se retourne contre elle : non seulement l'autre sœur (donc la plus chanceuse) part en couple avec le ménestrel, mais la "sorcière" meurt brûlée par une force occulte le lendemain...
Emportés par l'élan Viking bien compréhensible, surtout sur une route de Trolls (en pleine vallée, traversant des forêts et des étendues désolées, avec une rivière qui serpente...), nous nous mettons à chanter en yaourt et à l'unisson éraillé par la cigarette :"Saucisson, Tradition, Baston, Pâtes au Saumon, Viande des Grisons" (allez savoir pourquoi !) Hédonistes, les Metalleux ? Plus que jamais !
Aucun souci mécanique, le Bed' chauffe normalement, et l'essence ne manque pas dans le réservoir. Le rayon de braquage impressionnant (des années après, je ne m'en remets pas !) nous aide bien dans les rond-points les plus serrés. Tout va bien. Les balais d'essuie glaces font aussi leur office, pour lutter contre la bruine ! Feux de croisement allumés, bien sûr, pour ça.... J'ai toujours fait un peu comme les Scandinaves, justement ! Qui, eux, allument leurs feux de croisement à la moindre chute de luminosité... (et chez eux, Norvège, Suède, Finlande, Danemark, c'est obligatoire du début de l'automne à la mi mai !)
Nous arrivons à Bourg d'Oisans... exactement 1h25 après notre départ de Grenoble, en bon état (l'équipage comme le tromblon)...
Nous nous baladons quelque peu en ville, et nous trouvons sans peine un troquet pour boire... une Bière, évidemment ! La pause toilettes s'impose aussi, le Bed n'étant pas pourvu de WC chimiques.
Ensuite, une petite halte au supermarché de la ville (Super Casino il me semble), nous achetons là bas... Un pack de bière Belge (on n'en a jamais assez ^^) et un saucisson de "par là bas à travers" !
Retour sans histoire, bon souvenir, carrément barré (autant dans la musique, dans le véhicule, que dans le look : treillis noir pour le pote, camouflage pour moi, Rangers au pied, sweat Pagan Metal pour moi, tee shirt Taake et perfecto pour mon coéquipier, et bien évidemment, le béret pour moi, ajoutez à cela le marteau de Thor au cou et vous aurez le tableau complet) !Merci à vous d'avoir lu jusqu'ici ! A bientôt !
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Par Antonin Troll le 27 Septembre 2015 à 21:26
Bonsoir, chers lecteurs et amis !
Si je prends le clavier nuitamment comme j'aime tant le faire, ce n'est pas seulement parce que je n'arrive pas à dormir... C'est surtout pour vous faire part de mon ressenti quant à une culture underground. Vous savez, vous qui me lisez avec fidélité, que je me reconnais Metalleux, et amateur de Psytrance à mes heures. Il est maintenant temps pour moi de vous parler d'un autre de mes centres d'intérêt, à savoir la culture « Traveller ». C'est le qualificatif que s'attribuent ces jeunes et moins jeunes vivant sur la route, en camion aménagé ou camping-car... Alors en route, allons voir ailleurs si l'herbe est plus verte !
Tout d'abord, il faut faire la mise au point qui s'impose. A part le nomadisme inhérent à leur mode de vie, les Travellers que l'on connaît en France et dans d'autres pays d'Europe n'ont rien à voir avec les gens du voyage. Ni le goût pour les grosses caravanes et fourgons flambant neufs, ni la capacité à arnaquer et à voler quiconque se présente devant eux, encore moins celle d'ouvrir le feu sur les forces de l'ordre. Non, les travellers sont plutôt cools, un mix étrange entre culture Hippie, culture Tekno underground, avec une bonne dose de Mad Max pour ce qui est de l'univers culturel et de la customisation des véhicules... et, éventuellement (mais pas toujours), le recours aux substances psychotropes.
Vous en avez peut être déjà croisé, au hasard de vos balades en voiture ou en moto, sans même le savoir. Ils vivent littéralement « dans leur camion », que ce soit un simple fourgon aménagé du genre Peugeot J9 ou Renault Master, ou un camping-car entre deux âges sur une base mécanique increvable... Pour certains, c'est un poids lourd avec une caisse convertie en logement, ou encore mieux, un authentique autocar de transport scolaire transformé en studio mobile ! Ils vivent en général de petits boulots, que ce soient les activités saisonnières comme la cueillette des fruits et légumes, la taille de la vigne et les vendanges, et les emplois disponibles en stations de ski. Mais pas tous : beaucoup ont des métiers à l'année. On compte ainsi dans leurs rangs pas mal de chauffeurs routiers, ambulanciers, caristes et magasiniers, cuisiniers, … Et, il faut le dire, une proportion non négligeable d'étudiants, tant les logements sont chers. Ils (et elles) arborent bien souvent un ou plusieurs piercings, des dreads dignes d'un rastaman, des tatouages, s'habillent soit de fripes Hippies, soit comme vous et moi... Et sont certainement bien plus propres que le premier « reliquat d'humanité » qui peste contre les étrangers à la sortie du Leclerc !
C'est en fait, à l'instar du Metal, de la musique électronique, ou du Punk (avec lequel ils ont une parenté) ni plus ni moins qu'une culture sombre, un art de vivre, un mode de vie à part entière. Et je sais de quoi je parle : j'ai vécu plus ou moins comme eux quelques temps... avant de renoncer, bien malgré moi (à cause de ma maladie) à la vie de bohème. Le camping-car ci-dessous ? C'était le mien ^^
Même si ce mode de vie présente beaucoup d'avantages, notamment la mobilité évidente (pas besoin de déménagement onéreux : on range juste quelques affaires, on coupe le gaz du frigo, on démarre et en avant) et le simple fait de ne payer ni taxe d'habitation, ni taxe foncière, ni redevance télé... Il y a des inconvénients notables. En premier, je dirais le fait de vivre sans attaches. Cela peut être synonyme de liberté les premiers temps, mais gare aux formalités administratives ! Car, vous devez le savoir, chers lecteurs et amis : la « bonne société » n'apprécie pas plus que cela les nomades... Ensuite, je dirais l'espace disponible à l'intérieur du camion : cela peut très bien se passer si vous êtes seul, mais tourner vite au cauchemar avec une personne que vous ne supporterez plus au bout de trois jours ! Comme les camping-caristes qui ne sortent que l'été, il faut s'approvisionner régulièrement en eau, vider les eaux usées, et charger de temps à autre les batteries de la cellule. Et ce pour avoir toujours un frigo en état de marche ! Tant il est vrai qu'en plein hiver, il ne faut pas vous étonner de consommer une bouteille de gaz par semaine... rien que pour votre chauffage, du moins dans les régions où le climat est le plus continental.
Alors, vous vient peut être la question qui tue : « Mais d'où nous vient cette culture ? » Eh bien, tout a commencé en Angleterre, dans les années 80, avec le développement des rave parties. A l'époque, beaucoup de jeunes Anglais ont décidé de prendre la route, après s'être acheté un camion, et ce pour « fuir la société », ni plus ni moins. Il se trouve que la musique électronique était à l'époque en plein boom, et une concurrence sévère était de mise entre les partisans des boîtes de nuit conventionnelles et hors de prix, et les tenants d'une culture underground, plus libre, fondée sur la donation, la liberté ultime, et le respect de la Nature. C'est ainsi que plusieurs festivals ont eu lieu, notamment à Stonehenge, au pied des célèbres mégalithes... Festivals bien souvent réprimés brutalement par la police anglaise, avec force matraques et gaz lacrymogènes.
De fait, la presse « grand public » s'y intéressa de très près, et l'opinion publique aidant, le gouvernement d'alors pondit une série de lois criminalisant, ni plus ni moins, les rave parties, et les travellers. Alors, ces derniers traversèrent la Manche, et essaimèrent un peu partout en Europe... C'est grâce à eux qu'aujourd'hui en France, et un peu partout sur le continent, nous avons encore des « teufs », ou « free-parties »... Fêtes organisées la plupart du temps par ce qu'on appelle un « sound system », littéralement des camions chargés de matériel sono (platines, amplis, enceintes, systèmes d'éclairage), qui arrive à créer une « zone d'autonomie temporaire » (le principe de Hakim Bey) où l'essentiel est de faire la fête... Sur fond de musique composée de toutes pièces.
Néanmoins, tous les Travellers ne participent pas aux free-parties, pour différentes raisons. Certains préfèrent les soirées « organisées » dans une salle, d'autres les festivals de Psytrance, de Rock... ou de Metal ! Oui, car il y a quelques metalleux parmi les Travellers.
Après quelques années d'errance sur les routes de France ou d'ailleurs, que deviennent les travellers ? La plupart rentrent dans le rang, redeviennent sédentaires, et revendent leur camion. Quelques uns partent à l'étranger, d'autres investissent dans une yourte ou un chalet, d'autres encore se trouvent une maison et construisent une famille. Car, il faut bien le dire : une telle vie est usante. Pour les nerfs, pour l'entourage comme pour la santé. Et ce même en s'abstenant de toucher à la drogue ! Hélas, tant de jeunes sont morts sur le bord du chemin, pour une raison ou pour une autre... Alors, vient le temps de renoncer à la route... Mais la passion du voyage est toujours là. C'est ainsi que certains, désireux d'avoir une adresse mais de garder leur indépendance vis à vis du système... achètent une vieille grange, pour ranger leur camion l'hiver, et recevoir leur courrier dans une boîte aux lettres. La vie dont je rêve ! Pourrais-je le faire un jour ? Tiens, je demanderai à l'occasion à mon psychiatre.
En attendant, chers lecteurs et amis, je vous souhaite ce qu'il y a de meilleur pour tous vos projets. Et, si vous vous apprêtez à prendre la route... Je vous tire mon chapeau ! Vous allez mener une vie passionnante, pleine de délires, avec quelques galères... Mais vous vous construirez une sacrée personnalité. Bonne route ! Et à bientôt sur les routes de la liberté.
- Troll
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Par Antonin Troll le 13 Mars 2015 à 13:17
Bonjour, chers lecteurs et amis !
Si je vous écris aujourd'hui cette bafouille typiquement trollesque, c'est pour vous dire que j'ai à nouveau envie de voyager. De reprendre la route, de traverser des villages improbables, de poser le bivouac dans un terrain de camping (presque) oublié de tous... Bref, de prendre de vraies vacances, sur les routes, et non un trajet parsemé de galères comme actuellement, avec un maigre revenu qui ne me permet même pas un simple loisir. Et en aucun cas pour « vivre sur la route », comme j'ai pu le faire auparavant, ou en rêver. Non, les séquelles de la maladie que j'ai vécu ne me le permettront probablement jamais...
De même, je ressens une profonde envie de « me poser », de m'installer définitivement quelque part, après des années de vadrouille plus ou moins couronnées de satisfaction personnelle. Vous en conviendrez avec moi, déménager tous les ans, ce n'est pas une vie !
Vous me direz « Mais achète toi un fourgon aménagé, dès que tu pourras ! » Oui, j'ai eu cette envie. Mais plus maintenant. Je pense désormais, une fois que je serai mieux installé (en Poitou-Charentes ou en Pays de la Loire), changer de voiture, et mettre de l'argent de côté, pour acheter ceci : une petite caravane Teardrop. C'est une mini-caravane, qui fait moins de quatre mètres de long, donc elle se gare dans un simple garage, elle dispose d'un couchage pour deux... Avec un bloc cuisine et sanitaires à l'arrière, un frigo, et on peut même y ajouter un auvent ! La classe ^^
On peut la tracter avec une voiture toute simple, puisqu'elle ne pèse que 400 kg à vide, et sans permis (E)B... Une voiture classique, de plus de 70 chevaux de puissance, équipée d'un attelage aux normes, suffit donc amplement. Contrairement à une caravane plus volumineuse (genre Eriba Puck), elle n'exige pas d'autre immatriculation que celle du véhicule tracteur, et ne nécessite pas de carte grise, donc. De plus, et comme si cela ne suffisait pas ! On peut l'utiliser été comme hiver, elle est particulièrement bien isolée, aux dires du constructeur. En option : WC chimiques, panneaux solaires sur batterie, réchaud ou plaques de cuisson au gaz, et autres...
Le prix ? Environ 8.000 €. Certes, c'est un investissement, et il faut avoir un garage ou un bout de terrain pour l'entreposer hors usage, mais cela vaut le coup, surtout si vous ne disposez que d'une citadine ou d'une berline peu puissante. En tout cas, c'est le complément de bivouac idéal à une Fiat 500, une Coccinelle, ou une 2CV (et dérivés) ! Et c'est à coup sûr un attelage intéressant que vous constituerez, composé d'une simple Citroën C3 et d'une telle caravane ! Donc pourvoyeur de rencontres, de franche camaraderie, de vraies et nobles valeurs...
Imaginez vous campant au milieu de nulle part dans une Teardrop, en toute simplicité, vous vous couchez avec les étoiles en écoutant de la Trance psychédélique ou du Metal, et vous vous réveillez avec les écureuils à votre porte... Le bonheur !
Alors, pour moi, c'est décidé : dès que j'ai une meilleure situation, je ferai tout pour obtenir une telle caravane, après bien sûr avoir changé de voiture, et probablement remplacé ma Ford Fusion diesel vieillissante, par une Ford Fiesta récente, et essence cette fois ci. Il n'y a plus qu'à !
A bientôt chers amis, au plaisir de vous lire ! Et peut être de vous croiser sur la route.
Troll
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Par Antonin Troll le 20 Mai 2013 à 04:24
Bonsoir
Je vous propose maintenant de découvrir mes souvenirs de nomadisme... cela n'a pas duré bien longtemps, mais ce fut une expérience riche en enseignements !
Le grand jour
Il est 15h30, à Romorantin, bourgade au milieu des domaines de chasse, quelque part en Sologne. Papiers en poche, les dernières vérifications sont vite réglées. Plein d'essence, et c'est parti ! Je viens d'acheter mon Bed'. L'impression de liberté m'accompagnant, les premiers kilomètres sont dévolus à la découverte des fonctionnalités : compteur à 5 chiffres, essuie glaces 'tout ou rien", feux et clignotants... Encore immatriculé en Loir-et-Cher, le "Groland-Express" fend la grisaille locale par ce samedi d'octobre. Les panneaux défilent, direction Châteauroux ! Ne cessant de traverser des forêts immenses, l'Indre m'accueille après le pont de Selles sur Cher, et les maisons berrichonnes me rappellent que je suis encore loin du but : Ladapeyre, quelque part en Creuse.
Un convoi de "Traction" en goguette, certainement de retour d'une concentration, me gratifie de quelques appels de phares... la passion est plus forte que tout ! Si les fourgons aménagés font de même, les "fortunés" en cellule "la chance en Chausson" ont oublié la politesse, si vous voyez ce que je veux dire... En tout cas, moi qui imaginais le Berry plat comme le port de Rotterdam... que nenni ! C'est même carrément vallonné ! Ah, le temps de la Seat est révolu !
Un petit village à l'est de Châteauroux... arrêt café. Troquet multi-services (café-tabac-snack-carburant-presse-dépôt de pain), avec le comptoir en zinc qui en a au compteur, et les toilettes au fond du jardin... tout y est. Un grand chocolat, et je suis reparti ! Après la traversée de La Châtre, ca devient "rallye"... au delà du panneau "bienvenue en Creuse", le bitume sent la France profonde ! Le Bed' résiste à merveille... il en a vu d'autres ! Et après 3h30 de route, je suis enfin un Bedfordiste rentré, et heureux...
Pousse-pousse à Charolles
Pour sa première grande sortie, ce fut la totale : départ de Guéret à 18h, juste après avoir quitté le garage Iveco (pour les freins...) et tout d'un coup... miledieu, j'ai oublié de prendre à manger ! Comment faire ? Après Montluçon (j'ai volontairement oublié l'aire de Parsac, où l'alimentation est hors de prix), me vient une idée saugrenue : tourner à gauche dans le village de Doyet, et rejoindre l'aire d'autoroute A71, toute proche selon les panneaux... 3km de piste en pleine nuit, en pleine cambrousse. Et une seule pensée me traversa l'esprit alors : plus jamais !
Charolles, il est 22h15. Une fois le plein d'essence et de café effectué, impossible de démarrer ! Clic, clic, fait le démarreur... Bon, allez. La Shell est en pente, donc je desserre le frein à main, et je pousse. Marche arrière... oui ! J'embraye, et le Vauxhall démarre en toussotant. Une fois reparti, je ne l'arrêterai plus jusqu'à la Chapelle de Guinchay, où je dormis cette nuit là... Un mois et demi plus tard, je changeais le démarreur à Guéret...
Au pied des Menhirs...
Un samedi après midi, aux environs de Bellac (Haute-vienne), je prends la direction de Cieux, et Cinturat. Le domaine des fadettes et des lutins m'attend... Mais un panneau, au détour d'un croisement, appelle au devoir de mémoire : Oradour sur Glane... je me suis promis d'y aller prochainement.
Cinturat, petit village en pleine forêt. La route est à peine plus large que mon Bed', la lande austère et les futaies me font presque penser à l'Irlande... mais c'est bien une croix de St-Patrick que je vois ici ! Allez, on se gare au milieu de nulle part, en légère pente... hop, la cale va servir ! Et je me mitonne un petit repas scandinave : saumon, pâtes, bière ! ^^
Ensuite, un cappuccino, et lecture de circonstance : "B-A BA des Lutins". L'appel de la forêt est trop fort, il est 21h, je m'en vais folâtrer dans les chemins creux... Un menhir est mon but !
Après une nuit peuplée de créatures diverses, un réveil à 8h du matin avec les écureuils à ma porte, je repris ma route vers La Souterraine, via Bellac, Le Dorat, Le Blanc, et Argenton sur Creuse...
Psytrance Expedition
Et ce 6 février, me voici parti pour Porcieu-Amblagnieu, quelque part à la frontière entre l'Ain et le nord de l'Isère. Parti à 13h30, je passe d'abord dans un centre auto pour changer mes essuie glaces (ça arrive toujours au bon moment !)... juste après avoir demandé au vendeur deux balais d'essuie glaces pour un Bedford CF, j'ai cru qu'il allait se convertir à Haré Krishna... finalement j'en ai trouvé une paire pour 7 euros et quelque. C'est parti. Route nationale tout le long. Tout va bien jusqu'à Voiron, en démarrant un peu fort à un feu, j'entends un craquement sinistre... je crains le pire. Mais une fois arrêté, diagnostic : l'attache du berceau du siège a cédé...
Obstiné, je repars... passant le col du Banchet à 35km/h, une rampe de 12%... il peut monter le Galibier, avec une bonne révision ! On continue. La météo n'est pas franchement une incitation au voyage, c'est simple, il pleut ! A 17h, j'arrive sur les lieux, et après une séance de patinage sur l'herbe détrempée, le stationnement sur le terrain "stabilisé" est de rigueur pour éviter de sortir la pelle allemande !
Un petit sieston avant d'aller m'imprégner de musique... c'est parti pour 6 heures de trance psychédélique. Vers 4h30 du matin, je m'allonge sur la couchette du Bed'. J'ai eu très froid. Rajouter sur la liste : rideaux isolants... Et, ensuite, retour sans histoire sur Grenoble, avec 5 "stoppeurs" à bord... sacrée mécanique de tracteur !
Rencontres
Quelques rencontres en Bed... que je n'oublierai jamais.
Un Mercedes en goguette...
Midi, quelque part sur la route de Guéret à La Châtre. Je me suis trouvé un coin tranquille pour manger, en bord de route. La casserole de pâtes fume tranquillement, alors que le poste CD joue de la PsyTrance. Session "full-on" en Creuse !
Soudain, j'entends un bruit de moteur ancien, peut être un PL. Certainement un livreur... quelle surprise de voir débouler un Mercedes 508, carrément "teuffeur" (autocollants et panneaux de chantier, tenture hippie, couleurs psychédéliques...) Et apparemment aussi surpris de croiser un Bedford !
Grands coups de "deux-tons" et appels de phares ! Même si ils ne se sont pas arrêtés, ça fait plaisir de voir que l'on est pas seul à vivre ainsi...
Le Ford à Dédé...
Encore une nuit sur l'aire des Monts de Guéret... je me prépare à faire la gamelle, quand un bruit de moteur au ralenti me fait tendre l'oreille... une voiture qui se gare là pour la pause ? Eh non, c'est bien un camping-car Ford, flambant neuf, qui cherche où se garer... après quelques manœuvres, c'est chose faite ! En sort alors un homme, 70 ans environ, qui semble péter la forme. Dédé. Pendant une bonne heure, nous discutons de nos vies, nos campings-cars, et j'ai vraiment ressenti quelque chose d'unique en lui parlant !
J'en garderai un souvenir unique, surtout parce que Dédé est venu me parler sans appréhension, sans aucun jugement, et a parfaitement compris mon choix d'une vie différente...
Une 504 pas comme les autres !
Le lendemain soir, encore à l'aire des Monts de Guéret, je suis allé manger à la cafétéria (d'ailleurs on y mange correctement), puis un cappuccino avant d'aller dormir... et, encore une surprise ! une 504 pick-up, avec une cellule camping-car... immatriculée en Creuse !!!
Très rare actuellement... Un couple de quinquagénaires descend, et on engage aussitôt la conversation. Voyages, aménagement, coins sympas à visiter, tout y passe ! Encore un café, et, le cœur ragaillardi, nous rentrons dans nos "cabanes" respectives...----------------------------------------------------------------
Vikings en Bedford
Fin mars, un concert intéressant à Annecy : Dark Funeral, Nefarium, Carach Angren et Zonaria. Avec un copain, nous avons nos places depuis 15 jours. Et ce samedi après midi, c'est le grand départ ! Niveaux (eau, huile), pression des pneus, "tour de vérifications" (oui oui, comme au permis PL ^^)... habillés en mode "Black metal" (Didier tout en noir, sweat Bathory, rangers commando, moi en rangers gore-tex+treillis, t-shirt Darkthrone, veste à patchs et béret, on se refait pas...) nous choisissons de sortir de Grenoble par St-Martin d'Hères (au niveau du grand magasin suédois visible de la rocade ^^) Ça tombe bien, car dans le poste CD...
"Dei for i fra Nord... mot dei anna tid..."
Les patelins défilent : Gières, Murianette, Domène, Le Versoud, Tencin, Goncelin, Pontcharra... et les ralentisseurs aussi.... milledieu c'est solide les lames de ressort ! Enfin ca n'empêche pas le mode "fiesta" des boîtes de... chili con carne (!) Après Pontcharra arrive la pluie... mon navigateur s'étant endormi, je navigue "à vue", c'est à dire aux panneaux !
La grande ligne droite entre le pont des confluents (Arc/Isère) et Albertville m'offrira une frayeur monumentale : des trombes d'eau, et l'angoisse de l'aquaplanage... du coup, 70km/h, pas plus. Puis nous entrons dans la vallée de l'Arve, entre la cité médiévale de Conflans (on dirait un donjon...) et Albertville qui disparaît derrière nous.
Entre deux montagnes... une voie ferrée désaffectée, une route et une rivière. Ugine. L'après-midi est vraiment triste ici, nous ne nous attardons pas... Le black metal québécois tourne à fond dans les haut-parleurs, et nous fait disserter sur notre avenir... jusqu'à Doussard...
Annecy, au crépuscule. Le lac est vraiment agréable à voir, illuminé par la ville, imposante, huppée, cossue. La salle, bien nommée (le Brise Glace) est là... surprise, hauteur limitée à 2.20m par une barre ! Donc, "demi-tour creusois" (comprenez 'braquer à fond, puis reculer avec les warning pour repartir en trombe') et on entre par... le sens interdit (pô bien ! mais plusieurs C/C sont passés par là, ceux de l'organisation sans doute.) Gamelle au réchaud, cappuccino, "cigarillo, tu me colles à la peau" Et c'est le concert ! 3h30 de pure ambiance.
A minuit 20, nous quittons le parking, après un ultime délire sur du Nargaroth... et nous nous garons à St Férréol, en pleine campagne... tout simplement pour éviter d'être bloqués par les barres... on ne sait jamais. Discussions sur l'écologie, la société, le sens du Black Metal et nos vies... ca nous mène à 2h du matin, où Didier choisit la capucine, alors je dors sur le grand couchage. Plus tard, il m'a dit "On y dort comme dans un bâteau..."
Retour au pays
Au mois d'Octobre 2009, je viens de passer quatre jours sur Grenoble, pour voir ma famille... Puis le téléphone sonne ! Je suis embauché en tant que chauffeur routier, quelque part en Creuse. Toujours sur la brèche ! J'y vais !
Le Bed' démarre, toujours vaillant et prêt à tailler la route ! Après quelques contrôles de base, c'est parti. RN 75 jusqu'à Bourgoin Jallieu, puis la RN 6 jusqu’à l'est de Lyon. Hors de question de prendre l'autoroute, pas envie de payer en classe 3 ! Les côtes et descentes s'enchaînent jusque sur les Terres Froides (vers la Côte St André, le pays de Berlioz...) dans le poste, un petit Moonsorrow ! La descente de la combe des Eparres est négociée à 50km/h, comme en poids lourd ! Frein moteur pour éviter de s'emballer...
Après une traversée de Bourgoin semée de feux rouges, c'est que de la ligne droite jusqu'à Meyzieu, où je rejoins la rocade est de Lyon. Le trafic est important, et nombreux sont les poids lourds qui me doublent... Après la sévère montée de Rillieux, petite pause à Mionnay, histoire de faire refroidir le bouzin, et de prendre un café. La route est encore longue...
Puis c'est la descente de Genay, et une dizaine de kilomètres plus loin, le péage de Villefranche sur Saône. Je sors de l'autoroute ici. Alors commence la remontée vers Mâcon, par la route nationale. Trajet sans histoire. La nuit commence à tomber, alors, un temps je pense à m'arrêter pour dormir un peu... Mais je décide délibérément de continuer !
Mâcon sud, je tombe enfin sur le rond point de l'autoroute. La RCEA commence ici. Direction Charolles, puis Moulins et Montluçon, plein ouest ! Petite pause à la Shell de Charolles, comme d'habitude. Café, et plein d'essence. Consommation moyenne depuis Grenoble : 12 litres aux 100km. C'est moins pire que ce que je pensais !
La route continue... Paray le Monial, Vitry, Dompierre... Je traverse la campagne déserte de l'Allier. Pas de panne ici SVP. Le Bed' tient bon, chauffe un peu, heureusement qu'il ne fait que 10 degrés dehors ! Nouvelle pause juste avant Montmarault... Et nouveau café. 10 minutes pour me dégourdir les jambes, et je repars !
A Montmarault justement, des voitures venant dans l'autre sens me font des appels de phares. Il est 22h. Je m'attends à voir les gendarmes... et ca n'a pas manqué !
"Bonjour, les papiers du véhicule et votre permis de conduire SVP"
"Ok, les voici !"
"Contrôle d'alcoolémie. Soufflez dans l'appareil, jusqu'au bip."
"Pffffff BIIP" ^^
"Très bien, tout est en ordre. De quelle année est votre véhicule ?"
"De 1978."
"Ah, comme ma fille ! Bonne route à vous."
"Merci, bonne soirée !" ^^
La traversée de Montluçon ne posera aucun problème, la ville est déserte. Il est 22h45. Enfin ! Direction Guéret/Poitiers... Je m'engage sur la RCEA, qui est maintenant à 2x2 voies sur le reste du trajet. A 23h10, le panneau tant attendu apparaît à la lueur de mes phares : Département de la Creuse ! Ca y est !
Plus que quelques kilomètres... Je sors au niveau de Jarnages, puis file vers le nord.
Il est 23h40, je suis rentré. Quel voyage !
Au plaisir de vous lire !Troll
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Par Antonin Troll le 20 Mai 2013 à 04:20
Bonsoir à tous.
Si je prends mon clavier ce soir, c'est pour vous conter quelques souvenirs de la route. Je l'ai fait en camion, et ce camion était mon outil de travail. Du métier, découlent des rencontres, des aventures, des galères, mais aussi des actes de franche camaraderie entre collègues... et des désillusions.
Je me souviens de mes débuts dans le transport routier de marchandises... Epuisé, j'ai dû faire un transfert industriel de Grenoble à Valence, dans un camion datant de la nuit des temps, tremblant dans tous les sens... Un Mercedes SK, pour les connaisseurs. Je me suis fait engueuler par un chauffeur d'autoroute, pour un bout d'aluminium tordu. Et j'ai passé la nuit, sans m'être ni lavé ni brossé les dents, et sans toilettes publiques, sur une aire de repos abandonnée par Dieu et les hommes... Je n'ai pas dormi de la nuit, dévoré par les moustiques (c'était en plein été). Je ne vous raconte pas mon état le lendemain, ca frisait le surréaliste... Je n'ai tenu le coup que grâce à la sympathie de l'homme qui m'accompagnait pour le déménagement, mais j'étais usé physiquement comme moralement, deux jours pour récupérer...
Je me souviens avoir été embauché dans une autre entreprise de transport, cette fois en transport de matières dangereuses en citerne. Cette fois ci, Daf XF 105, grande cabine et couchette confortable. La Hollande le premier jour... Eh oui. Je dormais sur les aires de repos (échaudé par l'expérience précédente, je choisissais le plus possible les parkings avec une station, pour ne pas être pris au dépourvu). En dehors des autoroutes, il m'arrivait d'être sur des lieux fréquentés la nuit, et pas que par des routiers... Bref. Je chargeais à Grenoble pour aller après Niort, je revenais à vide, je lavais la citerne, puis je rechargeais à Lyon pour le Havre, et du Havre, je repartais vers l'Espagne... En gros, j'avais des semaines de 70 heures. Mais la paye était en conséquence. J'adorais revenir du Benelux, par les Vosges, en écoutant du Metal folk ou pagan à la tombée de la nuit. Ca n'a pas duré longtemps... La crise est passée par là...
Ensuite, je fus embauché pour un remplacement par une entreprise de la région de Brive, qui faisait du déménagement, et de la citerne pétrolière. J'étais formé pour ça. Le tout en Scania 420 chevaux, flambant neuf. J'ai vite apprivoisé mon boulot et ma tournée, pas mon patron, avec qui j'avais des relations conflictuelles (il m'a dit un jour "Si vous perdez la vie sur la route, je ne viendrai pas à votre enterrement...") C'était vraiment à l'ancienne. Heureusement, j'avais des collègues plutôt sympas, mais on ne se voyait pas souvent. Je me levais à une heure du matin, pour commencer à deux heures, prendre la direction de Bordeaux pour aller charger du carburant, et revenir sur la Corrèze ou bien le nord du Lot pour livrer, en général à des stations service, quelquefois à des revendeurs de mazout. Carrément pas écolo, je sais, mais c'était ça ou rester au chômage 6 mois de plus... Avant la fin de mon contrat, je leur ai fait un ou deux petits cadeaux, à ma façon. Je prenais systématiquement l'autoroute quand ils voulaient me forcer à prendre la nationale (qui était dangereuse, et en plus, interdite aux camions), et j'ai déposé plainte contre eux, pour infractions à la sécurité du transport de matières dangereuses (pas d'extincteurs sur les remorques, pas de matériel de sécurité). Et vous n'allez pas me croire, ils m'ont demandé de rester !
Puis ce fut un mois chez un transporteur, tout ce qu'il y a de plus acariâtre, dans la Creuse. Pareil, du pétrolier, mais cette fois ci, uniquement du fioul rouge ou du gazole. Avec un camion relativement pourri (Iveco Eurotech qui totalisait près de deux millions de km...), et une citerne des années '70. Le tout pour prendre des chemins d'écoliers, à 2h du mat', entre la Haute Vienne et la Vienne. Pour aller charger à la Rochelle. Curiosité inhérente à l'état du camion : le rideau de couchette et le matelas étaient pleins de bitume séché, souvenir d'un chauffeur qui n'enlevait pas ses chaussures de travail pour dormir... Et ca sentait fort là dedans, comme dans le ... derrière d'un Troll. Ce patron m'a dit un jour "Quand tu auras fini de ch***, je viendrai te torcher le c**"... Ca veut tout dire. Un mois de travail, mon chèque, ma fiche de paye, et la porte. Je leur ai dit, le dernier jour, d'aller cordialement... vous avez compris.
Ensuite, coup de bol à mon retour sur Grenoble, une copine m'a fait rentrer dans une blanchisserie industrielle, qui a ses propres camions. J'étais sur un petit Iveco en 10 tonnes. Le but du jeu : livrer des chariots de linge à des hôtels et restaurants en station de ski. Mon trajet préféré, c'était pour aller à Vars (05), je voyais des paysages magnifiques ! Mais je rencontrais les pires conditions météo : tempête de neige, vent violent, parfois route coupée... Heureusement, mes chefs étaient sympas et compréhensifs. Ca a duré quatre mois environ, j'aurai bien aimé décrocher un CDI, pour être affecté à Montluçon, ou à Châteauroux... Enfin. J'ai retravaillé chez eux en 2011/2012, jusqu'en mars du moins... J'étais trop fatigué pour continuer en sécurité, je ne me sentais plus d'assumer la conduite d'un PL.
Huit jours après la fin de ce contrat, je fus embauché dans un grand groupe de transport, spécialisé dans le transport de produits chimiques et pétroliers, mais qui cherchait à se diversifier... Au départ, tout allait bien, puis arriva ma maladie... Huit mois d'arrêt de travail. J'ai réussi à reprendre chez eux. Je chargeais une soude à Grenoble, pour Saint Etienne ou Riom, je rentrais, je lavais la citerne, je la dételais, et je prenais un plateau pour livrer des préfabriqués béton sur Paris... Je n'arrêtais pas ! Mes dispatchs et mes collègues étaient sympa, je m'entendais bien avec tout le monde. Le chef mécano m'appellait "Saturnin" ! J'en garde un bon souvenir. Même si, au mois de juin 2011, ils m'ont licencié pour inaptitude au poste (dûe à ma maladie, et au risque avec les matières dangereuses)... Grâce à ca, j'ai voyagé jusqu'en Italie, en Espagne, et une fois en Suisse.
Voilà... Je crois qu'on peut qualifier tout ça de "vagabondage professionnel", alors j'ai choisi ce titre. Malgré toutes les galères, toutes les engueulades, toutes les désillusions vécues pendant ces quatre années dans le transport routier de marchandises, j'en garde un très bon souvenir. Au volant de mon ensemble, un camion de 420 ch et une citerne rutilante, je me sentais dans mon élément, à ma place.Que dire de plus ! A part une chose : merci de m'avoir lu jusqu'au bout !
A très bientôt.
Troll
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